- PRIMEVÈRE
- PRIMEVÈREPRIMEVÈRE«Herbe à la paralysie», «herbe de Saint-Pierre», la primevère officinale (Primula veris L.; primulacées) a connu de nombreux usages en médecine ancienne, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, où on la prescrivait encore dans certains troubles nerveux, la paralysie et le bégaiement. La tige souterraine (rhizome) de la primevère officinale (à laquelle on peut substituer celles de la primevère élevée, P. elatior Schreb., et de la primevère à grandes fleurs, P. vulgaris Huds.), principale partie employée, contient 5 à 10 p. 100 de saponine, un peu d’huile essentielle à odeur d’anis, de composition complexe, dérivant sous l’action d’un ferment de deux hétérosides, le primevéroside et le primulavéroside. Les fleurs renferment aussi un peu d’essence, les feuilles une saponine et, d’après certains chercheurs, jusqu’à 0,45 p. 100 de vitamine C. Le rhizome de primevère accroît les sécrétions salivaires et bronchiques, favorise l’expectoration et la diurèse. Il s’indique utilement dans la bronchite, la pneumonie, la coqueluche et la grippe (décoction: 20-30 g/l; 3 tasses par jour). L’infusion à 3 p. 100 des fleurs est calmante et antinévralgique (migraines d’origine nerveuse, sommeil agité des enfants nerveux). Dans l’usage externe, grâce à ses saponines, le rhizome est puissamment hémolytique et très efficace en compresses de décoction à 10 p. 100 sur contusions et ecchymoses. Les fleurs sèches donnent, en infusion légère, un «thé» agréable. Fraîches, elles peuvent décorer les salades, où les très jeunes feuilles ont aussi leur place du fait de leur richesse en vitamine C.• 1573; primevoire XIIe; fig. du n. m. primevoire (-vère) « printemps »; lat. pop. prima vera « premier printemps », class. primum ver♦ Plante herbacée (primulacées) à fleurs ornementales de teintes variées (surtout jaune, violet, blanc) qui fleurissent au début du printemps. Massif de primevères.♢ Primevère sauvage. ⇒ coucou.primevèren. f. Plante herbacée (genre Primula, Fam. primulacées) des régions tempérées de l'hémisphère Nord, aux fleurs groupées en ombelle.⇒PRIMEVÈRE, subst. fém.BOT. Plante herbacée vivace de la famille des Primulacées, qui fleurit au début du printemps en présentant de petites fleurs jaunes pâles en calice tubuleux, et dont certaines variétés ont des propriétés thérapeutiques, d'autres étant cultivées pour leurs fleurs plus larges aux couleurs vives et variées. Synon. primula, primule (noms sc.), coucou. Primevère officinale; primevère de Chine; primevère des jardins. Nous étions dans les bois de Toulven, petit Pierre et moi, à chercher des fleurs, pendant le conseil de famille. Nous en trouvions beaucoup, des primevères jaune pâle, des pervenches violettes, des bourraches bleues, et même des silènes roses, les premières du printemps (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 274). La chambre fut toujours remplie de primevères et de violettes. Les yeux du malade se posaient avec plaisir sur ces belles masses aux teintes pures (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 333). À l'approche de l'équinoxe de printemps, les jeunes filles vont cueillir des primevères, dites coucous, dont elles font de grosses boules d'un jaune éclatant qu'elles se lancent en chantant (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 51).— Vx. Printemps et p. anal. jeunesse, et empl. masc., début de quelque chose. Dès lors commença pour Eugénie le primevère de l'amour (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 168). Si je reste inédit, ce sera le châtiment de toutes les couronnes que je me suis tressées dans ma primevère (FLAUB., Corresp., 1851, p. 322).REM. Primerole, subst. fém., rare, synon. Alors que j'étais, ô Æmilius, le nouveau Temps et la feuille de primerole, Que mon âge allait plus éclairci que l'eau De la source matutinale en sa rigole De gravier (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 87).Prononc. et Orth. :[
]. Ac. 1694, 1718 : prime-vere; 1740, 1762 : prime-vère; dep. 1798 : primevère. Étymol. et Hist. 1. XIIe s. bot. primevoire (Gloss. de Tours, 331 ds T.-L. : primivera [...] primevoire); 2. 1573 primevere (J.-A. DE BAÏF, Passetems, 1. IV, f° 100 v° ds GDF. Compl.). Prob. issu p. méton. du lat. primum ver (primo vere « au début du printemps », CÉSAR ds GAFF.; primo vere « au printemps », Mulomedicina Chironis; devenu en b. lat. primum ver, prima ver, CGL t. 4, p. 295, 42, prima vera « printemps », CIL t. 3, 7783 d'apr. COR.-PASC., s.v. verano) parce que cette plante fleurit au printemps. Une ell. de (fleur de) primevoire « printemps » (BL.-W.1-5; FEW t. 14, p. 271b et 272b) est moins vraisemblable parce que primevoire « printemps » semble plus tardif et plus rare en fr. : aucune attest. sûre av. 1442-45 ds le Roman de Troyle (ms. B.N. fr. 25527, I, 56; trad. du Filostrato de Boccace par L. de BEAUVAU, v. H. HAUVETTE ds B. Ital. t. 7, pp. 298-304) où primevaire est prob. une simple adaptation de l'ital. primavera « printemps », att. dep. BOCCACE, cf. TOMM.-BELL., notamment dans le passage trad.; la forme primevoile (Marco Polo ds GDF.) est douteuse (v. éd. L. F. Benedetto, p. 89, 75-76, note). La forme 2 est prob. due à l'infl. de primevere « printemps », att. de 1534 (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap. 4, p. 37) à 1700 (POMEY d'apr. FEW, loc. cit., p. 271b) qui est empr. à l'ital. primavera, alors que l'attest. isolée prime vere « jeune âge? », 2e moitié XIIIe s. (De l'Oue au chapelain ds MONTAIGLON et RAYNAUD, Rec. de fabl., t. 6, p. 46; cf. T.-L., s.v. primevoire) représente un empr. au lat. Fréq. abs. littér. :123. Bbg. WIND 1928, p. 100, 192.
primevère [pʀimvɛʀ] n. f.ÉTYM. 1573; primevoire, XIIe, emploi fig. de primevoire (-vère), n. m., « printemps », du lat. pop. prima vera « premier printemps »; lat. class. primum ver.❖♦ Plante herbacée, à souche vivace (Primulacées), à fleurs de teintes variées (jaune à l'état naturel, violet, blanc, etc.) qui éclosent au printemps (→ Bois, cit. 6; marché, cit. 23). → Bouquet de lait (régional). || Primevère officinale. ⇒ Coucou. || Une variété de primevère (primula auricula) est appelée oreille d'ours. || Cueillir des primevères. || Primevères cultivées. — Fleur de cette plante. || Bouquet de primevères.0 (…) ses fleurs (de la forêt) encore pâles (…) ses primevères aux hampes droites et cassantes, d'un vert d'amande exquisement décoloré.M. Genevoix, Forêt voisine, IV.
Encyclopédie Universelle. 2012.